LIBÉRATION D'HENNEBONT (2/3)
LA JOURNÉE DU 7 AOUT 1944
Plus de ponts pour traverser le Blavet ! Les troupes américaines vont se diriger vers Lochrist. A ce moment – il est à peu près 10 heures – les premiers obus tirés de Lorient et de Groix s’abattent brusquement sur la place de l’église et sur tout le centre-ville. C’est une pluie d’obus percutants, fusants et incendiaires qui ne cessera qu’après 16 heures. Les habitants surpris ne peuvent s’attarder à emporter leurs biens les plus précieux. Une vingtaine sont tués et il y a 180 blessés.
HENNEBONT EST EN FLAMMES !!
Les communes voisines sont également touchées. On dénombre 5 morts et 15 blessés à Languidic. A Brandérion les obus ont fait 6 morts et son clocher est décapité. Maintenant à Hennebont, c’est devenu l’enfer sur terre ! Les maisons brûlent, réduites en cendres par des flammes impitoyables.
Geneviève, jeune adolescente à l’époque, qui habitait la ville close avec sa mère et sa grand-mère, nous raconte ces heures tragiques :
« Nous avions vu les allemands venir miner le pont de pierre. Des camions arrivaient, chargés de dynamite. Ils creusaient les piliers durant des jours. Cela nous inquiétait. Ma grand-mère avait un abri sous les remparts qui servait de poulailler. A l’entrée il y avait une simple palissade en bois qui servait de pare-éclats. D’autres voisins avaient le même abri. Lorsque nous avons entendu les premières rafales, nous sommes partis nous abriter avec d’autres habitants sous les remparts. Soudain, une lumière jaune jaillit, suivie d’une énorme déflagration. Le pont venait de sauter pendant que la cavalerie allemande passait au galop sur le pont de bois pour se rendre à Lorient. Je vis moi-même plusieurs allemands tomber et les chevaux continuer leur course avec des soldats pendant à l’étrier.
Dans notre « abri » les poulets avaient volé en l’air, morts et tout déplumés. Nous étions couverts de terre et quelques pierres tombaient encore sur les maisons, comme une pluie, et nous avons commencé à recevoir des obus. Ma mère et ma grand-mère décidèrent alors de traverser sur la rive droite, dans une caverne à l’abri de la colline. Le pont de fer avait sauté mais il restait simplement un peu tordu, permettant aux gens d’y passer.
Quel désespoir, notre maison brûlait !
Dans cette caverne il y avait également un bébé qui venait juste de naitre chez le docteur Le Huédé, dans sa clinique de la rive droite, sa mère ayant été tuée. Cette caverne était pleine. Nous y avons passé la nuit jusqu’à ce que les allemands avec des russes et leurs chariots s’y arrêtent, tirent quelques coups de fusil qui ont fait des blessés légers dont mon frère. Ils nous ont fait sortir. Les allemands nous ont demandé si Mlle … qui était l’amie du commandant, était parmi nous. Un monsieur a répondu oui, mais qu’elle était partie chercher du lait pour le bébé. Ils sont partis. Ils avaient donc pour mission de faire les abris pour chercher Mlle …. Une gentille fille m’a-t-on dit.
… Puis les allemands et les Ukrainiens (avec leurs chevaux) sont partis. Ce monsieur, qui nous organisait, nous dit de vider les lieux vers Saint-Caradec avant que les allemands ne reviennent. Nous sommes allés jusqu’à Polvern, en face du barrage, où nous sommes restés un mois, nous nourrissant aux Haras d’Hennebont où régnait et faisait régner l’ordre le commandant Muller de Lorient. Il avait installé un grand tableau noir où chacun pouvait écrire et donner de ses nouvelles. Nous retournions ensuite dans la carrière de Polvern…. »
Pendant que la rive gauche se libérait petit à petit, la rive droite subissait encore les pires atrocités.
(À suivre)
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