samedi 29 novembre 2025

 


Jeanne de Montfort, héroïne hennebontaise


"Comme les nations, les villes portent en elles des marques d'identité qui traversent les siècles" écrivait Georges Gusdorf (1912-2000).Hennebont n'échappe pas à cette vérité profonde. Au coeur de la ville close vit encore, sous les pierres et dans les mémoires, la trace ardente d'une femme hors du commun.

L’enluminure qui accompagne ces lignes en témoigne : on y voit Jeanne de Montfort, dite Jeanne la Flamme, dressée sur les remparts de la cité, jetant de ses mains les pavés qu’elle avait fait retirer des rues pour défendre Hennebont assiégée.
Cette scène, rapportée par les chroniqueurs du XIVᵉ siècle, est plus qu’un épisode militaire : c’est le symbole d’une énergie, d’un courage et d’une volonté farouche qui ont façonné l’identité d’Hennebont.

Jeanne n’est pas une légende : elle est l’âme de la ville.
Une femme de commandement, une stratège, une combattante, une figure féminine rare dans l’histoire européenne médiévale. Et pourtant, malgré son rôle déterminant dans la guerre de Succession de Bretagne et dans la défense victorieuse de la cité en 1342, elle demeure aujourd’hui presque oubliée.

C’est précisément cette flamme assoupie qu’il est temps de raviver.

Hennebont possède dans sa ville-close un écrin d’une richesse exceptionnelle : des tours, des remparts, des espaces encore disponibles — en surface comme en profondeur — et un musée remarquable qui raconte l’histoire de la ville…mais qui, seul, ne peut raconter l’histoire médiévale de la Bretagne, les guerres, les alliances, les vies quotidiennes, et surtout le destin fascinant de celle qui sauva la ville en la défendant pierre par pierre ?

Alors comment, autour de Jeanne de Montfort, redonner à Hennebont la pleine conscience de son identité en valorisant un patrimoine matériel et immatériel unique en Bretagne ? Comment offrir un moteur culturel et touristique fort qui transmette aux jeunes générations un récit inspirant, celui d’une femme audacieuse et visionnaire ?

L’enluminure nous montre Jeanne de Montfort au cœur de l’action.

Comment lui redonner une meilleure place au cœur de la ville ?

Les marques d’identité ne disparaissent jamais : elles attendent simplement que l’on ait envie de les révéler.

Alors, des idées ?

 

Quand Jeanne met le feu !!

Juin 1342. Hennebont est assiégée par l’ennemi !

Voulant connaitre la physionomie générale du combat et l’importance des assaillants, Jeanne de Montfort monte sur une haute tour de la ville et remarque alors que le camp de ses adversaires n’est plus du tout gardé. Elle descend de la tour, prend 300 cavaliers et sort par une porte non gardée de l’ennemi, fait un détour et arrive en quelques minutes derrière le camp français de Charles de Blois.

Jeanne met le feu aux tentes et baraques qui brulent comme des allumettes. La figure de Jeanne de Montfort, telle qu’elle apparaît dans cet épisode, porte une leçon qui dépasse largement le contexte médiéval et la brutalité de son époque.

Ce qu’elle peut nous transmettre aujourd’hui n’est pas une invitation à la violence, mais une inspiration sur la manière de faire face à l’adversité, à l’injustice ou au découragement. Jeanne ne choisit pas la guerre ; elle y est contrainte. Mais au lieu de subir, elle transforme sa situation en initiative. Elle agit, elle surprend, elle renverse la dynamique.

Son courage n’est pas l’absence de peur, mais la lucidité face au danger. L’attaque d’un camp ennemi à la tête de 300 cavaliers est une action désespérée, presque suicidaire. Jeanne sait parfaitement ce qu’elle risque. Mais elle sait aussi ce qu’elle protège : son fils, son duché, sa cause.

Jeanne ne mène pas cette charge seule : sa conviction galvanise, entraîne, fédère. Ses cavaliers la suivent parce qu’elle incarne la volonté que certains n’osent pas formuler.
Défendre ce qui lui est cher exige parfois de l’audace.

Mettre le feu au camp ennemi n’est pas une action prudente : c’est un défi direct, une rupture avec ce que l’adversaire croit possible.

En somme, ce que Jeanne de Montfort nous enseigne aujourd’hui, c’est que la force d’une cause juste, portée avec détermination, imagination et courage, peut transformer un destin qui semblait déjà écrit.

Elle nous rappelle que la résilience n’est pas un concept abstrait : c’est une flamme, que chacun peut choisir d’entretenir. Par cette action, Jeanne de Montfort y aura gagné la sienne :

Elle sera désormais Jeanne la Flamme !

dimanche 1 juin 2025

 LIBERATION D'HENNEBONT (3/3)


  
  
MASSACRES ET EXACTIONS

Après s’être repliée vers Lorient, l’armée allemande, avec ses supplétifs « Cosaques » ou « Russes blancs » va faire subir aux habitants de la rive droite  la vengeance d’une armée en déroute. Les évènements qui vont suivre seront tragiques !

Déjà, le dimanche 6 août 1944, dans le secteur de KERPOTENCE, des unités de la Wehrmacht qui battaient en retraite, fusillent cinq jeunes gens qui revenaient de Languidic où l’arrivée des premières troupes américaines s’était rapidement propagée dans la population hennebontaise. Ils étaient allés à leur rencontre mais à leur retour ils croisent une patrouille allemande qui les arrête. Un des civils était porteur de quelques balles de fusil  et les quatre autres, pour leur malheur, avaient  dans leurs poches quelques cigarettes américaines. Ils sont fusillés tous les cinq et payeront de leur vie d’avoir peut-être voulu fêter trop tôt la libération.

Le jour suivant, 7 août, les ponts ayant sauté, les habitants de la rive droite se retrouvent isolés, sans pouvoir fuir, à la merci des soldats allemands ou ukrainiens qui vont commettre de nombreuses exactions.

Ce jour là, à MAISON-ROUGE, KERROCH, SAINT-CARADEC et au MANIC, une vingtaine de civils sont abattus, tués par des grenades lancées dans des abris ou exécutés sommairement.

Le 8 août, à la VIEILLE-VILLE, quatre civils réfugiés dans la maison de la famille Desjacques qui servait d’abri aux habitants du quartier sont abattus à la mitraillette.

A la CROIX-VERTE, alors qu’il sortait de son abri, vers 20 heures, un homme est tué de trois balles de révolver tirées à bout-portant par un soldat allemand.

Le 9 août 1944, un homme et ses deux fils sont réquisitionnés au village de KERROCH par les allemands pour déplacer un affut de canon à SAINT-NUDEC, en Lanester. Ils sont  massacrés arrivés à destination avant d’être fusillés. Leurs corps seront abandonnés dans un fossé.

Le 11 août 1944, plusieurs centaines de soldats allemands investissent le village de LA VILLENEUVE, et tentent d’encercler une cinquantaine de résistants qui s’y trouvent mais qui, avertis à temps, se sont déjà enfuis, laissant derrière eux des civils sans défense. En représailles les allemands exécutent huit civils qui n’ont pu s’enfuir. Leurs corps sont jetés dans le brasier de leurs fermes incendiées. Au PARCO, une femme est tuée par l’explosion d’une grenade. Au village de STANG-ER-GAT, en regagnant leurs positions, les soldats allemands tuent froidement un jeune garçon de 15 ans qui les regarde passer.

Parmi tous ces drames et massacres, celui de LA VILLENEUVE, dans le contexte où il a été perpétué, reste celui qui marque le plus la mémoire collective hennebontaise.

Selon ce qu’écrit Virginie Magueres dans son ouvrage  « Hennebont pendant le seconde guerre mondiale », ce sont 39 civils et 4 F.F.I. qui seront froidement abattus par les soldats de la Wehrmacht sur le territoire d’Hennebont entre le 6 et le 11 août 1944, mais ce n’est qu’une partie du bilan de ces journées de la libération qui s’élève à plus d’une centaine de morts.

 

 

 

 

LIBÉRATION D'HENNEBONT (2/3)



 

 

 

 

 

 

 

 

LA JOURNÉE DU 7 AOUT 1944

Plus de ponts pour traverser le Blavet ! Les troupes américaines vont se diriger vers Lochrist. A ce moment – il est à peu près 10 heures – les premiers obus tirés de Lorient et de Groix s’abattent brusquement sur la place de l’église et sur tout le centre-ville. C’est une pluie d’obus percutants, fusants et incendiaires qui ne cessera qu’après 16 heures. Les habitants surpris ne peuvent s’attarder à emporter leurs biens les plus précieux. Une vingtaine sont tués et il y a 180 blessés.

HENNEBONT EST EN FLAMMES !!

Les communes voisines sont également touchées. On dénombre 5 morts et 15 blessés à Languidic. A Brandérion les obus ont fait 6 morts et son clocher est décapité. Maintenant à Hennebont, c’est devenu l’enfer sur terre ! Les maisons brûlent, réduites en cendres par des flammes impitoyables.

Geneviève, jeune adolescente à l’époque, qui habitait la ville close avec sa mère et sa grand-mère, nous raconte ces heures tragiques :

« Nous avions vu les allemands venir miner le pont de pierre. Des camions arrivaient, chargés de dynamite. Ils creusaient les piliers durant des jours. Cela nous inquiétait. Ma grand-mère avait un abri sous les remparts qui servait de poulailler. A l’entrée il y avait une simple palissade en bois qui servait de pare-éclats. D’autres voisins avaient le même abri. Lorsque nous avons entendu les premières rafales, nous sommes partis nous abriter avec d’autres habitants sous les remparts. Soudain, une lumière jaune jaillit, suivie d’une énorme déflagration. Le pont venait de sauter pendant que la cavalerie allemande passait au galop sur le pont de bois pour se rendre à Lorient. Je vis moi-même plusieurs allemands tomber et les chevaux continuer leur course avec des soldats pendant à l’étrier.

Dans notre « abri » les poulets avaient volé en l’air, morts et tout déplumés. Nous étions couverts de terre et quelques pierres tombaient encore sur les maisons, comme une pluie, et nous avons commencé à recevoir des obus. Ma mère et ma grand-mère décidèrent alors de traverser sur la rive droite, dans une caverne à l’abri de la colline. Le pont de fer avait sauté mais il restait simplement un peu tordu, permettant aux gens d’y passer.

Quel désespoir, notre maison brûlait !

Dans cette caverne il y avait également un bébé qui venait juste de naitre chez le docteur Le Huédé, dans sa clinique de la rive droite,  sa mère ayant été tuée. Cette caverne était pleine. Nous y avons passé la nuit jusqu’à ce que les allemands avec des russes et leurs chariots s’y arrêtent, tirent quelques coups de fusil qui ont fait des blessés légers dont mon frère. Ils nous ont fait sortir. Les allemands nous ont demandé si Mlle … qui était l’amie du commandant,   était parmi nous. Un monsieur a répondu oui, mais qu’elle était partie chercher du lait pour le bébé. Ils sont partis. Ils avaient donc pour mission de faire les abris pour chercher Mlle …. Une gentille fille m’a-t-on dit.

… Puis les allemands et les Ukrainiens (avec leurs chevaux) sont partis. Ce monsieur, qui nous organisait, nous  dit de vider les lieux vers Saint-Caradec avant que les allemands ne reviennent. Nous sommes allés jusqu’à Polvern, en face du barrage, où nous sommes restés un mois, nous nourrissant aux Haras d’Hennebont où régnait et faisait régner l’ordre le commandant Muller de Lorient. Il avait installé un grand tableau noir où chacun pouvait écrire et donner de ses nouvelles. Nous retournions ensuite dans la carrière de Polvern…. »

Pendant que la rive gauche se libérait petit à petit, la rive droite subissait encore les pires atrocités. 

(À suivre)

 

 

 

 

LIBÉRATION D'HENNEBONT (1/3)


 









 

 

80e ANNIVERSAIRE (1944-2024)

La journée du 7 août 1944

Après le débarquement du 6 Juin 1944  en Normandie et après avoir libéré Rennes puis Vannes, les américains ont fixé un nouvel objectif : Lorient

La route pour y arriver passe par Hennebont. Pour guider les américains, Raymond Vigouroux, alias commandant « Hervé », chef du 1er bataillon F.F.I., grimpé dans un camion blindé, est en tête du peloton de reconnaissance qui quitte Vannes en compagnie du lieutenant américain Harris, de 5 soldats américains et d’un hollandais. Ils sont armés d’une mitrailleuse lourde et chacun a sa carabine. Les blindés de la « 4th Armored Division » du général Wood suivent …!

Le commandant « Hervé » raconte :

« Le 7 août, à 5 heures les blindés démarrent. Nous comptons arriver à 21 heures à Lorient. La 1ère partie du voyage est monotone…Il faut arriver tout près d’Auray pour rencontrer la 1ère résistance. Deux allemands, armés d’un fusil mitrailleur sont tapis, bien cachés dans le fossé gauche à l’embranchement de la route du Bono… La partie de chasse est commencée…Nous continuons. Les ponts d’Auray n’ont pas été minés. Ils sont intacts, grosse faute de la part de l’ennemi. A 1km de la ville, les boches paraissent nombreux… quelques armes automatiques et un canon anti-char essaient de nous arrêter. Ils sont vite muselés.  La colonne s’arrête pendant près d’une demi-heure. Sur le seuil de leurs portes les gens nous acclament, nous offrent des fleurs et des bouteilles de vin. Enfin le feu cesse et nous repartons…Ainsi nous traversons les villages de Landévant et de Brandérion… A quelques kilomètres d’Hennebont, une cinquantaine de chevaux tout harnachés paissent en liberté dans un champ… Enfin on arrive à Hennebont !

Ont-ils fait sauter les ponts ?

Non ! Disent les braves gens.

Près de l’église, je préviens le lieutenant américain que nous sommes à 100 mètres des ponts.

Good ! Me répond-t-il.

La colonne descend la place pavée dans un vacarme infernal. Elle s’engage vers le port. Des gens sont à leur fenêtre… Enfin nous pensons que nous allons passer et Lorient est à nous !

Notre camion arrive à 30 mètres des ponts. Nous débouchons, mais nous sommes accueillis par une bordée de coups de canons et les balles des mitrailleuses. L’ennemi est en face, près de l’école dominant la rive droite du Blavet. Les balles sifflent à nos oreilles, claquent contre le blindage. Notre mitrailleuse répond, mais nous sommes obligés, au bout de quelques minutes de nous cacher tous au fond du camion. Les pièces pleuvent sur nous de tous les côtés, les obus tapant dans les maisons. Les allemands sont vraiment maladroits. Le chauffeur fait une marche arrière et nous nous trouvons dans l’angle mort… Nous apprenons alors que les ponts d’Hennebont ont sauté devant nous. Le bruit du canon et des mitrailleuses était si fort que nous ne nous en sommes pas aperçus …»

La route vers Lorient est coupée ! Un autre chemin par Lochrist est choisi. Il est à peu près 10h et la destruction d’Hennebont commence ! 

(à suivre)


 

  

dimanche 20 décembre 2020

CE JOUR LA ... un 21 décembre

 


21 décembre 1911


Violente tempête sur Hennebont et toute la région.

 L’église Notre-Dame de Paradis, en travaux, est touchée. Le monte-charge, laissé en place pour servir à la réparation des clochetons, s’est disloqué et écrasé sur les voûtes, endommageant encore plus les clochetons.


L'église et l'échafaudage pour la réparation des clochetons



 







On lit dans la presse locale

 Nouvelliste du Morbihan, le 24 decembre 1911

https://recherche.archives.morbihan.fr/ark:/15049/vta523d309e8a2ac/daogrp/0/idsearch:RECH_1ed9caed6d5782d2f22dcf74be58d165/ctx:1#id:157626061?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00&center=1494.669,-2514.113&zoom=12&rotation=0.000

 « Hennebont a été particulièrement éprouvé par l’ouragan. Nombre d’arbres ont été abattus. Le Blavet a débordé jusqu’à la voie des tramways mais c’est l’église paroissiale, ND de Paradis, classée monument historique, qui a surtout été éprouvée. Les lourds madriers ont été emportés au loin ; ils ont enlevé, en tombant, une bonne partie du toit de l’église. L’accident s’est heureusement produit entre 5 et 6 heures du matin et nul passant ne se trouvait sur la place en ce moment. »

 Les Beaux-Arts estimèrent les dégâts à 18 000 francs dont 5 000 francs de réparations urgentes.









mardi 15 décembre 2020

CE JOUR LA ... un 15 décembre

  15 décembre 1889

Inauguration de l’éclairage public à l’électricité.











« M. FAYE, Ministre de l’Agriculture … a inauguré, vers 3 heures, le nouvel éclairage à la lumière électrique […] Hennebont est la 4e ou la 5e ville de France qui soit éclairée à l’électricité […] A cinq heures et demie un banquet de 200 couverts, fort bien servi par M. LAUDREN de Lorient, réunissait à l’école des filles, les invités et les souscripteurs qui avaient versés leurs 8 francs […] Ensuite les invités se séparaient pour se retrouver avec la foule, sur la place de l’église. Un feu d’artifice, dont la pièce principale représentait la Tour Eiffel, puis des projections à la lumière oxhydrique ont été le signal de la fin de la fête. »

(Le Nouvelliste du Morbihan du 19.12.1889)

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15 décembre 1815

Nomination de Jean François Ange Ponsard, maire.

Le préfet nomme comme maire Georges Ponsard, notaire. Il aura pour adjoint Armand Briant-Kervagat. Le second adjoint est le docteur Jean Chottard.